Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles s’apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s’autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n’annonce encore l’horreur imminente.
Laurent Gaudé signe, avec Terrasses, un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels lors d’une nuit déchirée par l’impensable. Choisissant de ne pas s’inscrire dans une écriture du témoignage mais dans la possibilité d’une poétique, il tresse les voix multiples des victimes, passants, secouristes, policiers, infirmières, parents, pour construire un chant à opposer à la terreur et célébrer l’humanité restée debout.
À Paris, en mai dernier, ce puissant récit choral a donné lieu à un spectacle magistral présenté sur la grande scène de La Colline, théâtre national, avec Denis Marleau à la mise en scène, et Stéphanie Jasmin à la scénographie, la vidéo et la collaboration artistique. « Profond. Bouleversant. Un moment dont la portée dépasse la simple œuvre de théâtre. » a-t-on pu lire dans le journal La Terrasse.
À Montréal, c’est sous la forme épurée d’une lecture-spectacle qu’UBU, la compagnie de création du tandem Marleau-Jasmin, a choisi de présenter ce récit polyphonique et ce, en présence de Laurent Gaudé. Une soirée entièrement dédiée à un texte inoubliable porté par des interprètes hors du commun qui marquera avec éclat l’ouverture du 30e Festival international de la littérature (FIL).