« Si elle devait se mettre à penser à tout ce à quoi elle pense elle serait tellement plein de pensées elle ne pourrait même plus regarder la télévision ni même téléphoner tant ses pensées l’occuperaient.»
Chantal Akerman, Une famille à Bruxelles
Par la fenêtre d’un appartement à Bruxelles, une femme apparaît, souvent vêtue d’un peignoir et drapée dans ses souvenirs. Elle vient de perdre son mari. Alors, elle passe beaucoup de temps au téléphone, parlant à ses filles – l’une à Ménilmontant, l’autre en Amérique – et à sa famille dispersée à travers le monde. Dans ce dédale de voix entrelacées, elle évoque le vide qui l’enserre, avec la finesse d’une fugue musicale, comme un bruissement de mémoires.
Une famille à Bruxelles est le premier récit de Chantal Akerman, davantage connue pour ses films – dont l’emblématique Jeanne Dielman – et ses installations vidéo. C’est un livre bref, mêlant fiction et autobiographie, écrit peu après la mort de sa mère. Dans une lecture-spectacle intime et épurée, Monique Spaziani prête sa voix aux mots bouleversants d’Akerman, explorant avec sensibilité le deuil, la mémoire et les liens familiaux. Sous la direction sensible de Brigitte Haentjens, le texte prend toute sa force, porté par une présence scénique sobre et habitée. La musique de Bernard Falaise, discrète mais essentielle, accompagne cette parole, tissant un dialogue subtil entre le son et le silence. Un moment fort où voix, rythme et émotion font résonner un univers féminin singulier, tout en nuance et en profondeur.