Nous vous offrons l’occasion de revoir sur grand écran ce magnifique spectacle présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts dans le cadre du FIL en septembre 2015. Cette captation de Gainsbourg, poète majeur a été réalisée quelques mois plus tard lors de sa dernière représentation au Théâtre du Rond-Point à Paris le 7 décembre 2015.
À quoi ressemble du Gainsbourg quand on oublie la musique pour ne plus faire entendre que le bruissement des mots ? Entreprise incongrue tant, chez lui, paroles et musiques semblent ne tisser qu’une seule trame ? Eh bien non. Même dépouillée de sa valse lente, La Javanaise fait toujours tourner les têtes et sans son cliquetis un peu macabre, Le poinçonneur des lilas nous fait toujours des p’tits trous dans le cœur. C’est tout le charme de cette soirée ponctuée – quand même – des notes d’un piano : trois personnalités penchées sur une soixantaine de textes de Gainsbourg et les faisant sonner, les tournant en bouche comme on goûte un grand vin. Personnalités, disait-on faute d’un meilleur mot pour les définir tous trois. Car il y avait sur scène Jane Birkin, bien sûr. Qui d’autre sinon celle pour qui Gainsbourg a écrit quelques-uns de ses plus beaux textes ? Il y avait aussi Michel Piccoli, monstre sacré qui, à 89 ans et bien décidé à ne plus faire que ce qui lui plait, ne pouvait manquer pareille fête. Il y avait Hervé Pierre, enfin, Comédien Français – avec les majuscules qui s’imposent – qui ne s’effraie pas de passer de Molière à Gainsbourg.