Si, tout comme moi, sel et vinaigre est votre saveur de chips préférée, vous saurez tout de suite de quoi je parle : tu vas t’acheter un gros sac au dépanneur, tu te vautres dans le sofa et tu te mets à piger dedans, en regardant un film ou un match de football. Rendu aux trois-quarts du sac, tu ne sens plus ta bouche, tu as pratiquement des lambeaux de chair qui se détachent de l’intérieur de tes joues, mais tu continues à piger tout de même : scrounch, scrounch, la main dans le sac, scrounch, scrounch, pas capable d’arrêter. C’est trop bon, même si c’est pu pantoute le fun à manger. Après dix jours à me faire bombarder de mots lors de spectacles littéraires, de prestations...
La danseuse Sol Picó et la saxophoniste Mireia Tajero ont marqué à maintes reprises la scène artistique catalane avec des collaborations explosives et provocatrices. Elles se retrouvent cette fois au FIL pour incarner, en danse et en musique, des extraits du premier roman de l’écrivaine Imma Monsó,La Femme pressée, traduit en français chez Robert Laffont en 2013 et récipiendaire du prix Ramon Llull des lettres catalanes. Nous nous sommes entretenu avec Sol Picó tout juste à la veille de son spectacle de demain à l’Usine C. FIL : D’abord, expliquez-vous dans quel contexte a été créé ce spectacle. SP : C’est tout simplement une commande de l’Institut Ramon Llull, une institution vouée à la promotion de la littérature catalane. Le FIL est le troisième festival littéraire où j’ai la chance...
La capacité que nous avons, êtres humains, à comprendre les histoires qu’on nous raconte a été démontrée par la science de plusieurs façons. Par exemple, le psychologue cognitiviste américain Michael Tomasello a souligné que ce qui différencie l’humain des autres primates, c’est sa capacité à saisir les états mentaux d’autrui; les neuroscientifiques ont ensuite réussi à localiser dans le cerveau le siège exact de cette faculté, qui réside dans les neurones de l’empathie (Neurones de l’empathie : on dirait vraiment un titre de roman d’Amélie Nothomb !). Les psychologues, de leur côté, ont démontré que les enfants entrent dans ce qu’on peut appeler le « monde du récit » dès qu’ils commencent à maîtriser le langage. Justement, hier matin, avant d’aller reconduire à sa garderie ma petite Adèle, deux...
Afin de désacraliser l’acte de lire, Daniel Pennac, dans son essai Comme un roman paru en 1992 chez Gallimard, énonce ce qu’il appelle les « droits imprescriptibles du lecteur » : Le droit de ne pas lire. Le droit de sauter des pages. Le droit de ne pas finir un livre. Le droit de relire. Le droit de lire n'importe quoi. Le droit au bovarysme — c’est-à-dire à la « satisfaction immédiate et exclusive de nos sensations » : l'imagination qui enfle, les nerfs qui vibrent, le cœur qui s'emballe, l'adrénaline qui « gicle » et le cerveau qui prend momentanément « les vessies du quotidien pour les lanternes du romanesque ». Le droit de lire n'importe où. Le droit de grappiller — c’est-à-dire pouvoir commencer un livre à...
On dit souvent que l’art parle à l’émotion et que la science, elle, s'adresse à la raison; or, ces deux pôles de l’activité humaine, qui semblent a priori opposés, sont en fait intimement liés, car tant le scientifique que l’artiste use de l’observation, de l’expérimentation et de la créativité dans son travail au quotidien. Ce n’est pas pour rien qu’Albert Einstein prétendait que pour obtenir des progrès réels en science, il fallait user d’« imagination créative ». Les scientifiques, les artistes et les écrivains ont tous le même but : nommer le réel. Seuls leurs outils et leur méthodologie divergent. Je suis assez bien placé pour en parler, moi qui ai étudié en sciences pures au cégep, qui ai terminé — avec de pauvres résultats, mais quand même...
« C’est ça, c’est bien ça. Il n’y a pas d’aventure – il n’y a pas de moments parfaits », que fait dire Sartre à son personnage Roquentin dans La Nausée, après que sa bien-aimée Anny lui eut expliqué que lors de leur premier baiser, sa robe s’étant relevée, elle s’était assise sur des chardons et que le moindre mouvement la faisait souffrir. Eh bien, Sartre a tort : les moments parfaits existent. Je le sais, j’en ai vécu un hier. En fait, j’en ai vécu quatre. Moment 1 Quai des Brumes, rue Saint-Denis Je me présente (en retard) au Quai des brumes pour le bingo littéraire Kwahiantonhk!Le concept est assez rigolo : à chaque boule (N33, G67, etc.) a été préalablement jumelé un texte écrit...
Après Genève, Port-au-Prince et Paris, c’est au tour de la Barcelone littéraire d’être mise en vedette lors de cette 24eédition. Pour l’occasion, le FIL accueille à Montréal une délégation de quatre auteurs, huit artistes et autres invités spéciaux catalans. Plusieurs liens se sont tissés entre le festival et la Catalogne ces dernières années — l'an dernier, l'écrivain Miquel de Palol nous avait visités et en 2016, l’auteur Sebastian Alzamora avait été l'un des invités internationaux de l'événement — et ce mini-festival catalan est en quelque sorte l’aboutissement de cette solide amitié, qui s’incarne dans douze activités illustrant la variété et la richesse de la littérature en Catalogne, présente dans diverses disciplines. Afin de découvrir un peu plus cette littérature et quelques-unes de ses particularités, j’ai...
Debout sur une chaise, dans le hall de la Cinquième Salle de la Place des Arts, le directeur de la collection Quai no 5 des Éditions Hurtubise, Tristan Malavoy, a tapé des mains pour imposer le silence et prendre la parole devant les dizaines de personnes restées boire un verre après la représentation du spectacle Océans, afin de célébrer la sortie du livre du même nom écrit par James Hyndman. L’éditeur avait eu la main heureuse en décidant d’organiser le lancement du livre tout de suite après le spectacle : les gens étaient nombreux à faire la file pour obtenir une dédicace de leur exemplaire et comme le show avait été à la hauteur des attentes, l’atmosphère était à la fête. Après avoir souligné les cinq...
C’est officiellement dans quelques minutes qu'il débute, ce FIL 2018, par un spectacle de rumba catalane aux Jardins Gamelin (que je m’en vais photographier); mais pour beaucoup d’artistes, pour Michelle Corbeil et pour toute l’équipe du FIL — et un peu pour moi aussi, il faut le dire —, ça fait déjà longtemps que le FIL a commencé à se dérouler. Tout comme l’an dernier, je serai votre blogueur/photoreporter au cours des dix prochains jours. Ma mission est simple : vous faire vivre le FIL avec mes yeux et mes oreilles de festivalier. Si, l’an dernier, j’abordais cette mission avec énormément de naïveté, cette année, c’est tout le contraire : disons que depuis quelques jours, l’angoisse de la page blanche n’a pas aidé à contrôler mon onychophagie. N’empêche :...
Mardi dernier, au Lion d’or, c’était la conférence de presse du dévoilement de la programmation du 24e Festival international de littérature. Il y avait une centaine de personnes présentes pour l’occasion et on sentait une belle fébrilité autour de la grande table à croissants et café : on est entre amis ici — et ça se sent. Le FIL compte en effet sur une vaste nébuleuse de créateurs et de partenaires qui sont toujours très heureux de renouer au Lion d’or pour ce dévoilement, année après année. J’y retrouve moi aussi plein de visages familiers : l’écrivain et désormais traiteur à domicile Maxime Olivier Moutier; le président du c.a. du FIL Stanley Péan, avec qui j’ai partagé plusieurs anecdotes radio-canadiennes (nous y avons été collègues au milieu des années…