Parfois, nous croisons des êtres dont nous ne pouvons pas être tout à fait certain s’ils sont humains ou de nature extraterrestre.
Carl Bessette est l’un de ces êtres plus grands que nature, déployant l’énergie de mille soleils, prêts à virer la Terre à l’envers pour arriver à ses fins.
Ce Carl en question a eu cette idée folle d’un jour battre le record du monde du plus long micro ouvert. Et il en a parlé à Michelle Corbeil, la directrice générale et artistique du FIL. Et Michelle a dit : « Mon maudit fou, toi. Es-tu tombé sur la tête ? ».
J’imagine très bien la scène : Carl, les yeux pétillants, regardant Michelle sans dire un mot, un petit sourire au coin des lèvres.
Et à partir de ce moment, Michelle n’a pas eu le choix de dire : « Ok, d’abord… ».
Accompagné de Stéphanie Richard, l’attachée de presse du FIL, je me suis rendu hier au Sporting Club de Montréal (coin Saint-Laurent et Villeneuve), pour le début officiel de ce marathon de neuf jours, que Carl a joliment et de manière tout à fait appropriée appelé Cœur ouvert.
À 18 h 39, il n’y avait que nous deux, la première lectrice prévue à l’horaire accompagnée de son ami, le staff du Sporting Club, et Carl, les yeux un peu hagards, pianotant frénétiquement sur son ordinateur. On le sentait un peu nerveux — avec raison.
C’est à 19 h 14 précises, devant précisément onze spectateurs, que Carl Bessette est monté sur scène pour déclamer deux textes. Et c’est ainsi qu’a débuté cette folle tentative de battre le record du plus long micro ouvert.
Pendant neuf jours et neuf nuits, sans arrêt, 24 h sur 24 h, des gens viendront ainsi lire des textes. Quelques règles devront être respectées afin que le record soit homologué : il devra toujours y avoir dix spectateurs minimum présents dans la salle; il ne pourra y avoir plus de trente secondes entre chaque lecture; il ne pourra être lu le même texte à deux reprises en l’espace de vingt-quatre heures, etc.
Après avoir vu le magnifique spectacle L’Une & l’Autre de La Grande Sophie et Delphine de Vigan au Théâtre Outremont, je suis retourné au Sporting Club, aux alentours de 22 h. Le sympathique resto-bar était maintenant plein. Une poétesse était au micro, des aficionados quelque peu éméchés de la chose littéraire discutaient (un peu trop fort) dans le fond de la salle. Le gros bateau de Carl prenait son erre d’aller, ça se sentait. À la sortie de scène d’une lectrice, on criait le nom du prochain lecteur, qui devait se mettre à parler moins de trente secondes plus tard. Parfois, c’était un peu trop juste pour Carl, qui courait sur scène dire quelques mots en attendant que le lecteur y prenne ses aises.
Ce micro ouvert, vous pouvez vous aussi y participer ! Pour ce faire, il vous suffit de vous rendre au www.coeurouvert.info. Vous y trouverez un horaire et un formulaire d’inscription.
Je me promets de monter sur scène d’ici au 1er octobre. Je vous raconterai.